Jérémie 1/ 1-19, 2:1-2 (sefaradim)
Isaïe 27:6-13,28:1-13, 29:22-23 (ashkenazim)
Ezéchiel 13 : 1-13 (tunisien)
La Samarie, la capitale du Royaume du Nord d’Israël, a été détruite par les Assyriens en – 721 . Dans la Haftarah lue par les Juifs ashkénazes cette semaine, Isaïe donne une prophétie concernant Israël, expliquant pourquoi il est tombé face à ses ennemis, mais aussi donnant l’espoir d’un avenir de Rédemption.
Bien que la principale préoccupation d’Isaïe soit d’apporter un message de malheur pour Israël, il commence à noter qu’en fin de compte, «Israël germera et fleurira, et le visage du monde sera couvert de fruits» (Ésaïe 27:6).
Immédiatement après cette déclaration de Rédemption à venir, Isaïe se lance dans une tirade contre les Israélites et leur culte de la déesse syrienne Achérah. Il châtie les dirigeants et les prêtres d’Israël, les traitant d’ivrognes, laissant entendre que leur jugement est mauvais. Isaïe est carrément dégoûté par le comportement des Israélites, disant: «Oui, toutes les tables sont couvertes de vomi et de saleté, de sorte qu’il ne reste plus d’espace» (Ésaïe 28:8).
Mais le peuple n’est pas réceptif aux paroles du prophète, et Isaïe promet que tant qu’ils refuseront de se repentir, «ils tomberont en arrière, et seront blessés, ils s’engagent dans le piège et s’y embarrassent » (Ésaïe 28:13).
Bien qu’une grande partie de ce qu’Isaïe a à dire soit pessimiste et formulé dans une grandecolère, les rabbins ont choisi de mettre fin au haftarah avec deux lignes d’un chapitre ultérieur (Ésaïe 29:22-23). « Ainsi donc parle l’Eternel à la maison de Jacob, lui , le libérateur d’Abraham : « Désormais, Jacob ne sera plus mortifié, désormais son visage ne doit plus pâlir. Car, lorsque ses enfants le verront, l’oeuvre des mains que j’accomplirai au milieu de lui, ils rendront hommage à Mon nom ; ils sanctifieront le Saint de Jacob et exalteront le Dieu d’Israël » (vehikdichou èt kedoch Yaakov veèt Elohey Yisraél yaaritsou). Ces lignes mettent l’accent sur la rédemption qui viendra au peuple de Dieu, tout comme elle est venue pour Abraham et ses descendants.
Connexion à Parasha
Dans Paracha de Chemot, les enfants d’Israël, jadis bénéficiant de la réputation de Joseph, sont réduit en esclavage par le Pharaon et les Égyptiens, souffrant grandement des lourdes corvées. S’ensuit la naissance de Moïse et de son évolution . Interpellé par l’Eternel qui se révèle à lui au buisson ardent, Moïse est chargé de plusieurs missions, amenant le peuple d’Israël à se projeter vers le chemin de la Rédemption.
De même, dans Isaïe, le peuple du Royaume d’Israël a beaucoup souffert, bien que dans ce cas c’est une souffrance provoquée par leur propre comportement (à savoir le manque de justice sociale, la haine d’autrui et l’arrogance) et, comme dit le texte, aussi par le manque de confiance en l’Eternel, et par la corruption et la cupidité de leurs dirigeants. Isaïe leur apporte un message d’espérance et de Rédemption.
Un petit parallèle entre Jérémie comme Moïse
Dans les communautés sefarades, la Haftarah est prise depuis le début du Livre de Jérémie. Quand l’Eternel commence à parler à Jérémie et le charge d’une mission, Jérémie est réticent à recevoir la parole divine. Tout comme Moïse, Jérémie dit à l’Eternel qu’il ne sera pas un bon messager. « Hé quoi ! Eternel Dieu, je ne suis qu’un enfant », proteste-t-il.
Mais l’Eternel ne prendra pas non pour une réponse et donne immédiatement à Jérémie deux visions métaphoriques d’une branche d’amandier (« un rameau d’un arbre hâtif ») et d’une chaudière bouillonnante et fumante. Ces visions sont destinées à motiver Jérémie à embrasser sa mission et à l’inspirer à aller à Jérusalem où il rappellera au peuple de ne pas déshonorer l’Eternel, et de ne pas manger les premiers fruits qui sont mis de côté pour l’Eternel.
Le leadership de Jérémie et la façon dont il est oint en tant que chef sont parallèles à la rencontre initiale de Moïse avec l’Eternel et à leur ascension afin d’assurer leur mission.
Rabbi Michel Liebermann