Quelques leçons de Hanouccah de sa lumière et de ses bougies
rabbi Michel Liebermann
Le chandelier à huile en or doté de sept branches, appelée menorah, était l’un des objets les plus prisés de l’ancien Temple de Jérusalem, est devenu un symbole central de l’identité juive. Pas dans sa forme originale, avec sept lampes, mais comme la Menorah de ‘Hanoucca, avec huit lampes, plus une bougie supplémentaire, appelée le chamach (littéralement : serviteur ou aide), chargé d’allumer avec humilité et dans la joie toutes les autres. Chaque détail de la vie juive a un sens. Ce fait est particulièrement souligné dans la pensée juive, qui cherche à révéler la signification et la pertinence des enseignements de la Torah. Ainsi, en cette veille de ‘Hanoucca, lorsque la première lumière de Hanoucca (plus le chamach supplémentaire) a été allumé, nous pouvons nous demander: quels sont les enseignements de la Menorah?
Emmanuel Lévinas rappelait qu’à un moment il était important de « noyer notre regard dans ces petites flammes » allumées en famille avec toutes les bénédictions. Ne prenons, pour cette étude, que quatre des nombreux enseignements.
Le flux dans le monde: La Menorah originale dans le sanctuaire [décrite dans Exode 25: 31-40] était composée d’un seul bloc d’or. Il avait une tige centrale d’où émergeaient six branches, trois de chaque côté, décorées avec un dessin comprenant des “godets”. Selon Rachi et un dessin de Maimonide [Dans son propre manuscrit du Commentaire sur la Michna, que l’on trouve dans la bibliothèque Bodleian à Oxford], les six branches étaient droites plutôt que courbes. Le même dessin montre que les godets sont inversés: ils représentent un “déversement” vers le bas. Vous verrez l’importance de ce « détail ».
Les sept lumières représentent sept attributs divins qui déversent la bénédiction et le rayonnement spirituel vers le bas, à travers chacune des branches, dans la tige centrale, puis dans le monde. C’est aussi un enseignement pour chaque personne: nous aussi nous devrions apprendre et chercher à “verser” de la bonté ( du ‘hessed) dans le monde qui nous entoure, y compris en donnant une inspiration spirituelle aux autres.. En faisant cela, nous devrions augmenter continuellement, tout comme la progression du nombre de bougies sur la Menorah passant ainsi de 1 à 8. La lumière augmente jour après jour.
Unité du peuple juif: (am e’had) La Menorah dans le Temple peut être considérée comme représentant le peuple juif tout entier. Les sept lumières représentent sept manières différentes de servir l’Eternel. On pourrait dire, par exemple, pour étayer cela : l’une sert avec amour, coulant comme de l’eau, d’une manière douce et gentille; l’un avec amour brûlant comme le feu, l’autre qui monte d’une manière sévère; un autre s’oblige à l’étude de la Torah ou d’autres textes spirituels, et cela devient son chemin principal; un autre encore sert l’Eternel en luttant contre le mal et en cherchant à accomplir le bien; un autre par l’acceptation et la louange de l’Eternel; un sixième en ressentant l’exaltation et la fierté d’être un Juif, choisi par Dieu, avec la responsabilité unique d’un Juif, et le septième chemin serait celui de l’humilité. Chacun pourra faire la composition des vertus et des tâches qu’il pourra s’octroyer, pour lui-même, comme une composition florale. Voici que chaque chemin est différent, mais comme la Menorah est composée d’un bloc d’or, ils ne forment qu’Un. Ainsi, la Menorah exprime l’unité avec la différence, un message important pour notre époque. Orthodoxes, libéraux, sionistes, ashkenazes, Séfarades, Oriental, Européen, Assimilés, Politiques, Sportifs, et mêmes Enrhumés, tous sont juifs !!!!
Responsabilité mutuelle: les prêtres allumaient chaque jour les luminaires de la Menorah dans le Temple, et ce, depuis Moïse et Aaron. Aujourd’hui, chacun de nous a la responsabilité d’aider notre prochain, celui qui est autour de nous, à faire briller son être de par sa propre illumination spirituelle intérieure. L’enseignement de la Torah, tout comme l’huile illuminant le chandelier, est pure et authentique, aussi chacun de nous peut allumer ses lampes. Devenir des êtres de lumières, c’est avoir fait ressortir sa nechama ( son âme).
Faire briller les ténèbres: La Menorah représente “la publicité du miracle” (pirsouma de nissa) de ‘hanouccah. Dans les temps anciens (et dans certains endroits aujourd’hui), la Menorah était allumée à la porte de la maison, menant à la rue. Il se trouve à gauche de la porte, en face de la mezouza à droite. La Mezouza “brille” dans la maison et la sanctifie, car elle atteste que dans ce foyer, les valeurs de la Thora y sont présentes; la Ménorah brille vers l’extérieur, dans la rue, un lieu de ténèbres et souvent rempli de profanations, et ces petites flammes avec leurs lumières la transforme. La tâche du Juif dans le monde est de faire briller les ténèbres, de sorte que toute existence devienne une demeure pour l’Eternel.
Rappel de la chanson : « banou ‘hochè’h legaréch, BELIBENOU or vaéch, kol èhad hou or katan, vekoulanou or eytan», qui signifie, «nous sommes venus chasser les ténèbres, dans notre coeur il y a de la lumière et du feu (de la passion).Pour les puristes j’ai changé « beyadénou » en « belibénou » : entre nos mains par dans notre coeur. Chacun de nous est une petite lumière, et ensemble nous sommes solides »
Hag Hanouccah saméa’h.
Rabbi Michel Liebermann