Une question fondamentale nous interpelle aujourd’hui :
Elle concerne la façon dont certains décisionnaires religieux réagissent face à des situations inédites, induites par la modernité scientifique ou par l’évolution des normes sociales, comme celles concernant la place des femmes dans la pratique religieuse.
Il semble que les réactions à cette évolution s’exacerbent actuellement en Israël et en Diaspora, et une mise au point s’impose.
Cela fait plus d’un siècle que le judaïsme libéral a établi une égalité de droit entre femmes et hommes du point de vue religieux. Et même si le judaïsme orthodoxe refuse de faire évoluer ses positions face à la question des femmes dans le culte, il apparait que, de fait, leur place est en train de changer.
Cela se fait notamment par le biais de l’accès à l’étude des textes qui, il est bon de le rappeler, est fortement valorisée et encouragée par la tradition juive.
Il est probable que l’émancipation des femmes dans la société globale, leur accès à un statut égalitaire dans les domaines politiques, professionnels ou privés ont un impact sur la place qu’elles entendent tenir également sur le plan religieux.
D’une façon générale, les dynamiques religieuses récupèrent tout ce qui peut les renforcer. La loi est donc en mouvement, et c’est bien notre tradition juive qui permet ce mouvement.
C’est pourquoi la rencontre entre judaïsme et modernité est porteuse d’interprétations qui permettent d’entretenir une tradition vivante, et d’élaborer à chaque époque un système de sens en accord avec les valeurs du temps à partir du moment où ce système ne contredit pas une tradition autorisée.
Cette liberté d’interprétation fait dire à certains : « On définit les juifs comme le peuple du Livre ». Il serait plus juste de dire qu’ils sont le peuple de l’interprétation du Livre.
Serge Coen