C’est le temps de nous préparer à fêter Pourim, ce sera jeudi soir prochain. Permettez-moi de rappeler qu’il y en a en fait quatre commandements à accomplir: 1) lire la Méguila d’Esther (mikra megillah) lue le soir et le matin, 2) offrir des cadeaux à ses amis (Michloa’h manot ), 3) offrir des cadeaux à ceux qui en ont besoin (Matanot la’evyonim) 4) et participer à un repas de fête (Michtèh). Il est intéressant de noter que Pourim est apparue à l’origine parmi les Judéens exilés vivants en Perse et l’ensemble des 127 provinces qui, même avant le début de Pourim comme les cérémonies formelles de l’époque, avaient l’habitude de célébrer une genre de cérémonie avec la mascarade, pour la fête de printemps, chaque année au milieu du dernier mois d’hiver.
Il est également remarquable que dans le livre d’Esther, le nom divin ne soit jamais mentionné, malgré le fait que tout au long du Tanakh (Bible) rien n’a lieu sans l’intervention divine. Pourim est la seule fête juive qui n’est pas imprégnée de solennité religieuse. C’est un jour de grande fête et il y a beaucoup de boisson à table (de manière responsable, s’il vous plaît!) Jusqu’à ce que nous ne puissions plus distinguer entre les phrases «béni soit Morde’hai» et «maudit soit Haman».
Au niveau le plus profond, cependant, Pourim consiste à mettre nos masques et nos costumes afin de révéler notre véritable identité. C’est en fait un concept très profond et qui mérite d’être médité.
Qu’est-ce qui vous empêche de dormir cette nuit de Pourim ?
Dieu merci, pour une majorité de juifs, ce n’est pas le péril de l’anéantissement auquel nous sommes confrontés – comme ils l’ont fait à l’époque de Pourim – ou la question de savoir d’où pourrait venir notre prochain repas – comme ils l’ont fait aux jours de l’Exode où nous célébrons Pessah. Nous nous inquiétons plutôt du vieillissement des parents ou de la bonne éducation juive de nos enfants et petits-enfants. Nous nous inquiétons de la stabilité de l’emploi ou des réalités de la retraite. Nous nous soucions de notre propre santé et de celle de ceux que nous aimons. Nous nous inquiétons de l’avenir du peuple juif et nous nous demandons si la vie que nous menons est celle qui a un sens et un but véritables. Nous nous inquiétons de notre héritage (spirituel et moral) et de comment et si on se souviendra de nous après la fin de nos jours sur terre. Nous nous inquiétons. Nous nous inquiétons TOUS. Pourtant, ce sont précisément ces soucis que notre synagogue aborde quotidiennement. «À travers nos services de prière et nos opportunités d’éducation des adultes, nous confrontons les réalités de la vie au 21ème siècle et cherchons à trouver du réconfort et un sens à ces préoccupations.» Par des conversations individuelles au sein de la communauté nous pouvons aborder des situations spécifiques et inviter l’Eternel dans nos vies. En passant du temps et en écoutant les amis nouveaux et anciens au sein de la synagogue, nous apprenons qu’il y en a d’autres qui partagent les mêmes préoccupations; nous découvrons que nous ne sommes pas seuls dans nos luttes. En engageant la vie juive dans nos moments les plus difficiles aussi bien que dans nos plus joyeux (note: Pourim et Pessa’h sont des fêtes de joie!), nous nous souvenons qu’il y a de la force dans la foi (emouna). Et, si la majorité des Juifs ne sont pas menacés aujourd’hui d’anéantissement physique ou de crises de famine, il y en a encore qui le sont. En tant que communauté, nous pouvons mieux protéger Israël de ses ennemis et nous nous rassemblons plus activement dans des faits réels de Tikkoun Olam : aider à nourrir les affamés et à aider les pauvres. Les histoires humaines et les évènements tragiques qui ont constitués les sauvetages révélés par le divin à travers les fêtes de Pourim et de Pessah ne sont pas des événements ponctuels, mais des thèmes récurrents dans l’histoire. N’oublions pas que la nation qui cherchait à détruire les Juifs à l’époque du récit de Pourim est la même qui cherche à développer la technologie nucléaire aujourd’hui (Persia = Iran), à fins de destruction. N’oublions pas non plus l’obligation de Pessa’h selon laquelle chacun de nous doit se considérer comme étant sorti d’Égypte, et que nous devons déclarer: « Que tous ceux qui ont faim viennent manger ».
L’ULIF Marseille est vraiment une communauté sacrée. Regroupons-nous dans les mois à venir pour répondre à ces préoccupations qui nous empêchent de dormir la nuit; unissons-nous pour redresser les torts de la société et pratiquer la justice sociale; et, peut-être plus que tout, célébrons ensemble les miracles que l’Eternel a accomplis pour nous autrefois… et aujourd’hui aussi.