Malachie a vécu au -Vème siècle et a été le dernier de tous les prophètes. Parce que Malachie signifie «mon messager», ce n’est probablement pas un nom personnel, mais plutôt un titre vague, ou un nom de guerre, ou de pamphlétaire pour un homme qui n’était connu que comme un messager divin. Son court livre de prophétie est rempli de frustrations et de déceptions concernant le peuple et leur service terne Temple.
L’ouverture de la haftaraToldot contient une allusion directe à la partie de la Torah à laquelle elle est associée: «Je vous ai montré l’amour, dit le Seigneur. Mais vous demandez: «Comment nous avez-vous montré l’amour? Après tout, déclare le Seigneur Ésau est le frère de Jacob; pourtant, j’ai accepté Jacob et rejeté Ésau ».
On revient sur la typologie familiale fondatrice de notre histoire : bien qu’Ésau ait été techniquement le premier-né, et donc a obtenu le droit d’aînesse ainsi que l’héritage de son père, c’est Jacob qui a reçu la bénédiction paternelle, la plus prestigieuse, et qui a continué à être le patriarche de la famille, laquelle donnera naissance au peuple d’Israël, à travers les 12 tribus. Le prophète Malakhi a probablement mentionné Jacob et Ésau parce que ce dernier (Esau) était aussi connu sous le nom de Edom (Genèse 25:30), l’ancêtre des Edomites. A l’époque où vivait Malakhi, les Edomites pillèrent Jérusalem et tuèrent beaucoup de Judéens fuyant les combats. Le peuple d’Israël dans ce temps-là, aurait pu raisonnablement se demander si Jacob et sa descendance étaient vraiment acceptés par l’Eternel (référence à la promesse divine ancestrale : anokhi maguén alèkha, je serai votre bouclier) et si Ésau et les Edomites avaient été vraiment rejetés du projet divin, car le constat était que la force était bien du côté d’Edom. C’est une question tri-millénaire qui se pose à maintes reprises dans l’Histoire par les juifs de toutes les époques face aux diverses oppressions. Malachie, dans ce texte, assure les enfants d’Israël que l’Eternel est toujours de leur côté.
Une grande partie de la haftarah est écrite dans un style passant du futur au passé, tout comme un argument ou une confrontation entre l’Eternel et le peuple d’Israel. C’est un style unique que l’on trouve dans ce livre de Malachie. À bien des égards, il se démarque profondément de la prophétie traditionnelle et paraphrase, avant l’heure, le style de question/réponse que l’on retrouvera dans la discussion talmudique laquelle deviendra populaire dans les textes juridiques qui marqueront, après la destruction du second Temple, la prochaine dynamique de l’histoire juive.
Pourtant Malachie maintient le message classique des prophètes: que le peuple a fait le mal, et ont besoin de se repentir. En 1:6, il dit : « “Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Si donc je suis un père+, où est l’honneur qui m’est dû? Et si je suis un maître, où est la crainte qui m’est due ?”, vous demande l’Eternel des armées, à vous prêtres qui méprisez mon nom! “Mais vous dites : ‘Comment avons-nous méprisé ton Nom ?”7“En présentant sur mon autel de la nourriture* souillée.”« “Et vous dites : ‘Comment t’avons-nous souillé ?”“C’est en disant : ‘La table de l’Eternel est méprisable.’ 8 Et lorsque vous présentez en sacrifice une bête aveugle, vous dites : ‘Il n’y a rien de mal à cela.’ Et lorsque vous présentez une bête boiteuse ou malade : ‘Il n’y a rien de mal à cela”« Essaie donc de la présenter à ton gouverneur, s’il te plaît. Sera-t-il satisfait de toi ou auras-tu sa faveur ? », dit l’Eternel des armées ».En disant que la table du Seigneur peut être traitée avec mépris. Il réprimande le peuple pour son traitement hypocrite et laxiste des sacrifices et des rituels et la surprise du peuple subséquente lorsque les sacrifices n’obtiennent pas de réponses positives de la part de l’Eternel…..Ce thème de l’insatisfaction face aux sacrifices offerts dans le Temple se répète tout au long du premier chapitre du livre de Malachie. Les gens ont offert des animaux qui sont volés, boiteux et malades, et l’Eternel ne les acceptera pas. L’Eternel châtie le peuple, lui rappelant que «Mon nom est honoré parmi les nations, et partout l’encens et l’oblation pure sont offerts à Mon nom» (1:11). En plus des problèmes avec les biens sacrifiés, Malachie s’en prend aux prêtres, qui ont négligé leurs devoirs. La haftarah se termine par une charge aux prêtres, leur rappelant qu’ils doivent être des exemples pour le reste des enfants d’Israël, et qu’ils ont besoin de servir avec loyauté. Oui, les cohanim, les prêtres sont, comme Malachie, des messagers de l’Eternel.