Le premier juif recensé en Birmanie (aujourd’hui nommé : république de l’Union du Myanmar), était Salomon Gabirol (aucun rapport avec le philosophe du 11ème siècle), qui en 1755 était commissaire de l’armée du roi Alaungpaya et aurait été présent lorsque le roi a conquis Rangoon. Le gros des troupes n’a suivi qu’un siècle plus tard : à partir de 1850, des Juifs se sont mis à affluer de plus en plus nombreux en Birmanie, attirés par ce nouvel Eldorado de l’Empire britannique. Ils y ont vu avec justesse une terre promise luxuriante où, du riz au précieux teck en passant par le coton, et les possibilités de faire du commerce semblaient infinies. La plupart étaient originaires d’Irak, ils étaient souvent passés par l’Inde, et puis ils ont poussé vers l’Est : on les appelait les Baghdadis, ils sont arrivés avec leurs minhagim (coutumes) sépharades, ils étaient industrieux et ont abondamment investi. Beaucoup ont fait fortune. Ils s’appelaient Sassoon (ou « les Rotschild de l’Est »), Ezra, Kadoorie (propriétaires du luxueux Peninsula de Hong Kong qui s’annonçait, dès son ouverture en 1928, comme « le meilleur hôtel à l’ouest de Suez »).Les Juifs ont même servi comme maires – un à Rangoon et un autre dans la petite ville de Bassein – et ont occupé plusieurs autres postes gouvernementaux.
On comptait 2500 juifs en Birmanie à la fin du 19ème siècle.
Lorsque le Japon a occupé la Birmanie en 1941, la plupart des Juifs birmans ont fui vers d’autres pays en emportant 124 de leurs 126 Sefer Torah. Environ 300 sont restés, dont 200 sont retournés en Birmanie après la Seconde Guerre mondiale.
La Birmanie a obtenu son indépendance en 1948, quatre mois seulement avant l’indépendance d’Israël, et est devenue la première nation d’Asie du Sud-Est à reconnaître officiellement l’État juif.
De ce fait, dès les années 50, tout ce qu’Israël comptait de personnalités est venu faire son tour à Yangon (Rangoon) : Golda Meir, Moshé Sharett, Ben Zvi, Moshé Dayan, Shimon Peres… Quand il y a inauguré l’ambassade d’Israël en 1957, Ben Gourion a même séjourné deux semaines au Myanmar (Birmanie)
À la suite du coup d’État du général Ne Win en 1962, la Birmanie a nationalisé ses industries et davantage de Juifs ont fui, ne laissant qu’environ 150 Juifs birmans. L’isolement de la Birmanie a véritablement commencé avec le socialisme militaire qui a suivi et les nombreuses sanctions imposées par l’Occident.
Le début de la fin de l’isolement a commencé en 2011 lorsque Thein Sein est devenu président. Cela a été suivi par l’élection écrasante de 2012 d’Aung San Suu Kyi et de son Parti de la Ligue nationale pour la démocratie.
Il ne reste aujourd’hui que 20 Juifs birmans à Rangoon (nommée Yangon depuis 1989) avec environ 110 résidents juifs expatriés.
Cependant en 2013, la communauté birmane a connu son premier mariage au bout de 27 ans : celui de Sammy Samuels avec Zahava Elfhady qu’il connaissait depuis l’enfance, célébré par un rabbin spécialement dépêché d’Israël pour l’occasion, dans la synagogue :
La Synagogue Musmeah Yeshua ( hébreu : בית כנסת מצמיח ישועה ) est le dernier lieu de culte juif du centre-ville de Yangon et la seule synagogue de Birmanie . La synagogue se dresse entre les ateliers de peinture indiens et les commerçants musulmans dans une petite rue près du centre-ville. Une plaque à l’entrée du bâtiment indique que le bâtiment actuel, en pierre, qui a été construit entre 1893 – 1896, a remplacé une structure en bois plus petite et antérieure qui a été érigée en 1854.
Laurent Hajdenberg – ULIF Marseille – septembre 2020