« Le monde ne se maintient que par le souffle des enfants qui étudient »
Cette phrase est issue du talmud et combien elle prend sens avec les événements que nous avons connus ces derniers jours.
Samuel Paty est mort pour avoir enseigné la liberté, les libertés . . .
Alors on s’interroge; On recherche les racines du mal et l’on s’inquiète.
Comment peut-on enseigner la mort à des enfants alors que l’on devrait leur enseigner la vie puisqu’on les a mis au monde ?
Comment certains irresponsables peuvent donner en pâture leur professeur pour que celui-ci soit décapité ?
Comment d’autres en se « débraguettant » sur les réseaux sociaux peuvent inciter d’autres plus jeunes à être le bras armé d’une théorie obscurantiste ?
Certes ils prétexteront l’excuse infamante qu’ils n’étaient pas au courant des réelles intentions de celui-là qui ne mérite même pas qu’on le nomme.
Encore d’autres encore diront qu’ils ne voulaient pas lui faire du mal qu’ils ne voulaient pas le tuer mais qu’ils voulaient qu’il comprenne….
J’accuse leurs parents qui n’ont pas réussi Ils n’ont pas été capables de leur enseigner comment distinguer le bien du mal, tout simplement.
L’enseignement que l’on donne ou que l’on reçoit est fait pour vivre pas pour mourir.
La diversité culturelle marque profondément nos sociétés. C’est un fait.
Elle s’est renforcée et se renforcera encore et sera de toutes façons là demain, partout et pour tous, quoi qu’on fasse.
La diversité, Nous devons l’accueillir comme une richesse pour notre société mais cela suppose que nous soyons tous unis au niveau de nos valeurs fondamentales comme nos libertés.
La liberté d’expression et une liberté fondamentale parce qu’elle est génératrice d’autres libertés comme celle de blasphémer, comme celle de caricaturer, et tant d’autres . . .
La diversité c’est une richesse pour une Société à condition que cette Société puisse rester unie au niveau des valeurs Commune pour toute l’humanité. Parce que les valeurs essentielles sont universelles.
Cela ne doit pas être un défi.
Entre le respect de la diversité sociale, culturelle, philosophique et le souci d’une unité sur les valeurs, l’école a souvent l’impression d’être amenée à faire le grand écart.
La nostalgie du passé et le repli identitaire sont parfois des refuges tentants. Ce n’est pas mon fait. Dans toute chose, y compris dans l’éducation et l’enseignement, je suis convaincu que ce n’est pas le retour illusoire aux comportements d’autrefois qui pourra nous amener à faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Amin Maalouf, écrivain libanais francophone, dans son ouvrage, « Le dérèglement du monde » paru chez Grasset, en 2009 tente d’expliquer déjà ces identités meurtrières.
Il appelle notre société à réinventer une nouvelle échelle de valeurs qui lui permette de mieux gérer sa diversité, son environnement, ses connaissances, ses équilibres, bref sa capacité de survie.
Mais il y a une valeur première, Mère de toutes
Je le cite : « La première de ces valeurs, c’est l’universalité, à savoir que l’humanité est une. De ce fait, c’est une faute impardonnable que de transiger sur les principes fondamentaux sous l’éternel prétexte que les autres ne seraient pas prêts à les adopter. Il n’y a pas de droits de l’homme pour l’Europe, et d’autres droits de l’homme pour l’Afrique, l’Asie ou pour le monde musulman…Aucun peuple sur terre n’est fait pour l’esclavage, pour la tyrannie, pour l’arbitraire, pour l’ignorance, pour l’obscurantisme, ni pour l’asservissement des femmes. Chaque fois qu’on néglige cette vérité de base, on trahit l’humanité et on se trahit soi-même. »
On ne pourra sortir par le haut du dérèglement qui affecte le monde qu’en donnant la primauté à la culture et à l’enseignement.
Toutes les grandes traditions religieuses sans exception, ont des exhortations similaires.
« L’encre du savant vaut mieux que le sang du martyr », affirme Mohamed, le Prophète de l’islam, et dans le Talmud, En écho lui répond : « Le monde ne se maintient que par le souffle des enfants qui étudient. »
Monsieur le professeur Paty
Un vent d’unité de respect a soufflé ce soir sur la place d’honneur de la Sorbonne
La nation entière vous pleure….
À travers vous, nous nous sommes souvenus de certains de nos enseignants de l’amour pour la culture qu’ils nous ont donné.
Nous nous souvenons d’eux parce qu’ils nous ont marqués par leur passion, pour l’amour de la matière qu’ils nous ont enseigné, pour leur amour de l’enseignement et de la transmission du savoir tout simplement…
Votre disparition étrangement nous laisse tous orphelins.
Je ne vous connaissais pas et pourtant j’ai l’impression de vous connaître.
Votre parcours marquera à jamais notre existence
Votre bienveillance, votre courage, votre générosité, votre liberté de penser sont les mots qui reviennent comme le sac et le ressac de la mer.
Vous étiez discret, aimé de tous à l’évidence, aimé de vos collègues, de vos élèves, de votre épouse, de vos enfants
Tous ceux qui vous ont connu vous décrivent de la même façon
Aujourd’hui la barbarie vous a fait sortir de l’anonymat
Vous resterez désormais à jamais immortel incarnant avec panache le combat pour la liberté, le combat pour la laïcité.
Nous sommes Monsieur le professeur endeuillés Nous venons de perdre un être cher, une sentinelle de la liberté
Alors soyez certain Monsieur le professeur que nous resterons tous vos héritiers
Héritiers de tous vos combats
• Combat pour la liberté, pour les libertés
• Combat pour la laïcité mère de l’unité
• Combat pour le droit d’apprendre pour tous
Nous vous garderons en mémoire et nous nous attacherons avec force et conviction, à continuer votre travail pour le bien de toute l’humanité.
C’est notre héritage – C’est aussi notre devoir pour nous mais aussi pour nos enfants
Nous veillerons à le rendre vivant
Nous refuserons la résignation partout et toujours,
Nous n’accepterons aucune injustice, aucune terreur idéologique, aucun repli identitaire,
Nous ne conclurons aucun pacte faustien.
Rien n’altérera l’héritage que vous nous avez laissé.
Vous resterez, Monsieur le Professeur à jamais un pont vers la laïcité.
Samuel BENHAMOU
Président de l’ULIF MARSEILLE