VŒUX DE ROCH HACHANAH
D.ieu parle à Moïse sur le Mont Sinaï
Dieu:
– Et souviens-toi Moïse, en ce qui concerne les lois Kasher, ne cuisine jamais un veau dans le lait de sa mère. C’est cruel.
Moïse :
– Ohhhhhh ! Alors on ne doit jamais manger de lait et de viande en même temps ?
Dieu :
– Non, ce que je veux dire, c’est que tu ne dois jamais cuisiner le veau dans le lait de sa mère.
Moïse :
– Mon Dieu, pardonne mon ignorance mais, ce que tu veux dire, c’est que l’on doit attendre 6 heures après avoir mangé de la viande si l’on veut manger quelque chose fait avec du lait, de telle manière que les deux ne se retrouvent pas dans l’estomac en même temps ?
Dieu :
– Non Moïse, c’est tout simple ce que je veux dire: ne cuisine pas le veau dans le lait de sa mère, et c’est tout !!!
Moïse :
– Oh, Mon Dieu ! Je t’en prie, ne me blâme pas pour ma stupidité ! Mais dis-moi plutôt: Tu veux dire que l’on doit avoir un jeu de couverts pour le lait, et un jeu de couverts pour la viande, et que si un jour on se trompe de couverts, on devra enterrer ces couverts à jamais et ne plus les utiliser ?
Dieu :
– Ahhhh Moïse… Fais comme tu veux
Cette anecdote nous permet avec humour de comprendre les différences que nous avons avec le monde orthodoxe.
Notre place en France en tant que juif libéraux est plus que jamais essentielle à défendre.
Nous devons ces 3 prochaines années franchir le pas du judaïsme libéral de nécessité ou de consommation vers celui de conviction.
La place que nous voulons donner aux femmes se justifie pleinement dans une société moderne laïque et plurielle.
Ce n’est pas du tout un hasard que la question des femmes reste aussi difficile et problématique pour beaucoup au sein des religions.
Car poser la question des femmes, c’est poser la question de l’altérité :
C’est une question qui n’est jamais épuisée car elle ne se réduit pas à une problématique féministe.
C’est une question hautement politique et qui a une actualité particulière.
Pour rebondir sur l’actualité, nous nous souviendrons de la remise en cause de l’accord signé l’année dernière sur le mur Occidental et sur l’espace alloué à la zone de prière mixte.
Le groupe des Femmes du Mur est un groupe extrêmement composite et hétérogène.
Certaines se revendiquent orthodoxes, d’autres ne sont pas forcément affiliées à un mouvement.
Ce groupe est à l’image de ce qu’exprime la diversité des voix juives, et des différentes sensibilités.
Il est une évidence pour moi que la richesse de notre tradition c’est d’avoir su entendre la multiplicité de ces voix.
Il se trouve que dans le monde les Juifs prient différemment.
C’est une force qu’il nous faut cultiver
C’est un combat hautement symbolique et en cela important :
Soutenir ces femmes, parce qu’il en va vraiment d’une certaine vision et d’un judaïsme à visage pluriel.
C’est une force qu’il nous faut cultiver.
Quand on fait une de ces versions alternatives de prière juive une forme d’hérésie, comme le font certaines voix orthodoxes ou ultra-orthodoxes, on est dans une négation de ce qu’est l’essence historique et spirituelle du judaïsme.
A savoir de s’être toujours manifester par des voix plurielles.
Il faut soutenir très fortement les femmes dans nos communautés, pour reconnaître leur droit juif de prier comme elles l’entendent même dans un lieu aussi central du judaïsme que représente le Kotel.
Le judaïsme libéral est encore minoritaire en France Il nous appartient de le rendre plus fort et plus vivant
Nous en connaissons les raisons, souvent historiques.
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Le Consistoire qui centralise la représentativité du groupe juif en France n’a pas permis l’émergence et le développement de la pluralité des voix juives telle qu’elle existe ailleurs dans le monde.
L’organisation même du judaïsme français a freiné un peu le développement du pluralisme juif. C’est une première explication.
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La deuxième est qu’il n’y a pas de séminaire en France qui, pour l’instant, prépare les rabbins de tendance progressiste, qu’ils soient libéraux ou masorti. Cela oblige les candidats potentiels à aller étudier aux États-Unis, en Israël ou en Angleterre. En France, il y a eu un handicap à la fois historique et organisationnel qui a freiné ce développement-là.
Cependant il existe une vitalité en puissance dans notre communauté libérale qui ne demande qu’à être réveillée.
Souvent nous sommes victimes des clichés qui collent aux mouvements libéraux. On ne sait pas exactement ce nous pensons, quelle notre leur lecture du judaïsme.
Ces clichés sont erronés.
Au cours de notre histoire, les Juifs libéraux ont souvent été accusés de défendre une intégration proche de l’assimilation.
On nous reproche nos prétendus arrangements avec la Torah et une sorte de judaïsme à la carte.
Ce débat est absurde.
En fait, le judaïsme a toujours existé sous plein de formes et les Juifs ont vécus de façon différente. La réalité du peuple juif aujourd’hui est qu’il y a des gens qui vivent dans une très grande intégration au monde environnant et il y a des gens qui ne sont pas dans cette forme-là du judaïsme.
Nous avons une responsabilité par rapport au peuple juif mais aussi vis des communautés qui nous accueille de leur offrir un judaïsme pertinent.
Pour certains, ça passe par prendre en compte que leur conjoint n’est pas juif, ou que l’un de leurs parents ne l’est pas. Alors, qu’est-ce qu’on fait avec ça ?
Nous avons la grande responsabilité d’apporter des réponses à ces gens-là car ils restent et demeurent ancrés dans le judaïsme.
Quand ils sont dans des schémas non normatifs du judaïsme, il faut faire face bien souvent à leur détresse. Notamment au moment de la mort
Ces familles-là vivent une situation de mixité ou de complexité identitaire. Or, une bonne partie du judaïsme orthodoxe ne leur offre aucune réponse, et les met même à la porte des institutions et des synagogues.
Notre responsabilité est de penser avec eux leur engagement dans le judaïsme.
Certains appellent cela encourager l’assimilation, mais pour moi ça n’a aucun sens.
L’assimilation, c’est un fait, elle existe aujourd’hui.
Elle est dans notre monde actuel, de même que la mixité.
La vraie question est de savoir comment offrir, nourrir et fertiliser un judaïsme pertinent pour les générations à venir.
Certains en France s’imaginent qu’il n’y a qu’une seule façon d’être juif et qu’il y aurait une espèce d’identité monolithique.
Le judaïsme a toujours existé sous des formes multiples.
Pour eux, les autres manières d’être juif seraient des hérésies.
J’utilise volontairement le mot hérésie car il n’est pas juif mais catholique.
Certains, au sein du judaïsme français, peut-être sous l’influence d’une certaine culture catholique, ont transformé le judaïsme en une version « catholicisée » de notre tradition.
Il n’y a pas d’ »hérésie » dans le judaïsme, mais des sensibilités différentes.
C’est pourquoi le judaïsme Liberal doit être la clé de voute du dialogue entre religions
Il faut être capable d’affronter en face tout ce qui nous sépare.
Pour développer un vivre-ensemble, comme on l’appelle ces dernières années, il n’y a pas de formule magique mais je pense qu’il y a plein de pistes à explorer.
L’année 5778 sera une année de défis et d’ambitions, qui, malgré les difficultés, continuera à définir et développer la mission de l’ULIF MARSEILLE au cœur de notre cité Marseillaise, et propagera les valeurs du judaïsme libéral.
Avant de vous réitérer mes vœux et vous convier à nos agapes du seder, je souhaiterais très rapidement remercier au nom de la communauté certaines personnes très impliquées et dévouées, qui nous permettent de fonctionner au quotidien et lors d’événements plus particuliers comme celui d’aujourd’hui.
Merci donc au comité administratif du mercredi
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à Hélène et Roger pour leur précieuse collaboration
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à René et Michèle pour avoir su insuffler un vent d’apaisement
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à Serge Sahin toujours armé de son tournevis
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à Olivier Longin pour avoir créé un site attractif et fourni
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à Laurent Dembert pour sa présence quotidienne
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à nos rabbins Michel Liebermann et Haim Cipriani pour animer nos offices
Et surtout un merci particulier à Serge Coen, notre président d’honneur, et son épouse Francine deux des piliers fondateurs de notre communauté dont l’inlassable dévouement à la cause ne peut que créer l’admiration.
Je terminerai en reprenant la liturgie de Roch Hachana :
« Puisse l’année qui s’achève emporter avec elle toutes ses malédictions ! » Puissiez-vous être mentionnés et inscrits tous dans le livre de vie, de bénédiction, de paix et de prospérité. Puissiez-vous jouir, vous et toute la maison d’Israël, d’une vie heureuse et paisible ! »
Que cette année 5778 soit douce comme le miel.
Chana Tova, pour chacun d’entre vous, pour vos familles, pour vos projets, pour notre communauté et pour le vivre ensemble dans notre cité phocéenne.
Chana Tova à tous et merci d’avoir choisi notre communauté pour fêter ce Rosh Hashana 5778
Samuel BENHAMOU
Président